Scandale sur le Secteur !

Après une longue et une minutieuse enquête, la journaliste d’investigation Tullah Moore est aujourd’hui enfin en mesure de révéler les détails de ce qui pourrait bien être le plus grand scandale du Secteur depuis sa création : une arnaque systématique aux assurances cautionnée par les plus hautes autorités du Conseil.

Personne jusqu’à présent ne s’était penché sur l’étrange mode de calcul du classement officiel des corporations, qui ne prend pas en compte les pertes subies lors des exploitations. Hormis le fait que ce choix n’est pas cohérent avec le mode de calcul du classement des pilotes qui lui au contraire, et sans plus de fondement logique, démultiplie ces pertes, on peut se demander dans quelle mesure cette omission décrédibilise un classement qui reste aujourd’hui encore la référence de nombreux investisseurs.

Pour comprendre le mode de calcul actuel, il faut revenir aux origines du Secteur, quand quelques pilotes téméraires exploraient pour la première fois et au péril de leur astronef ces vides infinis et froids où la main de l’homme n’avait jamais posé le pied : les techniques de navigation intersidérale étaient alors rudimentaires, et il n’était pas rare qu’un pilote se retrouve par inadvertance projeté au beau milieu d’un champ d’astéroïdes, ou, dans les cas les plus critiques, en train de flirter avec un trou noir... Dans sa grande bonté et afin de favoriser coûte que coûte l’ouverture de nouvelles autoroutes galactiques, le Conseil avait alors demandé aux assurances de rembourser totalement aux corporations les pertes induites par ces causes dites "naturelles".

Aujourd’hui cependant ce système n’a plus lieu d’être : sauf cas exceptionnel de retour de victoire trop arrosé, les méthodes d’astronavigation moderne permettent aux pilotes d’aller et de venir entre les exploitations et leurs bases sans aucun risque, et pourtant les remboursements continuent à être effectués par les assurances en cas de non-retour d’un astronef, quand bien même ces pertes ne sont plus dues aux dangers de l’exploration mais à ceux, bien moins naturels, de l’exploitation !

Il semble que la perpétuation indue du système des remboursements profite plus particulièrement à certaines corporations, au premier rang desquelles personne ne sera surpris de retrouver la tristement célèbre Digging Inc. En effet, non contente de se gaver de caviar sur le dos de ses petits actionnaires, il apparaît que cette corpo se fait payer son champagne par les assurances : avec pas moins de 43 astronefs déclarés perdus en 110 exploitations, les JDLP et consorts ont extorqué de quoi baigner dans le Dom Pérignon ! Et comble d’injustice le mode de calcul actuel permet même aux dirigeants de la Digging d’envisager de dépasser des corporations largement moins corrompues telles que la DSM et la Stargate pour devenir à brève échéance la première corporation du secteur !

Nul doute que les autorités du Secteur maintenant dûment prévenues ne pourront plus ignorer l’absurdité des modes de calculs officiels actuels et se lanceront enfin dans la réforme des classements réclamée à cors et à cris par de nombreux pilotes soucieux d’équité et de transparence.