8- Faire son écart

L’écart est très important dans la stratégie du preneur. Un mauvais écart peut provoquer la chute ou empêcher le petit d’aller au bout.

Généralement, le preneur profite de l’écart pour se ménager une coupe franche. Parfois, il permet également une seconde coupe ou un singleton (le preneur ne conservant qu’une carte pour une couleur).

La coupe franche

Elle ne peut se faire que dans une couleur où le preneur n’a pas le roi et a moins de six cartes. Si plusieurs couleurs répondent à ces critères, le preneur choisira alors la couleur la moins fournie en nombre et en points. En effet, une coupe franche dans une couleur où l’on met à l’écart la dame, le cavalier et le valet n’a que peu de chances de ramener des points !

Attention, si le preneur n’a que peu d’atouts (5 ou moins sans le petit) , il faut envisager une autre solution car cette faiblesse sera vite découverte par un défenseur ayant en mains 7 atouts ! Une fois le petit sauvé ou pris au preneur, la défense épuisera les atouts du preneur pour ensuite jouer sans risque dans sa coupe. Pour limiter les dégâts, deux solutions sont envisageables :

 faire une coupe dans une couleur longue en écartant 5 ou 6 cartes basses peut permettre de récolter un roi ou une dame en doubleton (deuxième dans la main d’un défenseur) !
 ne pas faire de coupe. Ce n’est envisageable qu’avec de nombreux points en main car les chances de récupérer des points chez les défenseurs est très aléatoire ! On pourra alors faire le choix de conserver un roi sec ou un mariage (roi + dame) sec.

La singlette

Faire une singlette consiste à écarter toutes les cartes d’une même couleur sauf une.

Si le preneur détient les quatre rois, il pourra envisager de multiplier les rois ou mariages secs.

Dans le cas contraire, faire une singlette dans un roi adverse peut permettre " d’enfumer ", c’est-à-dire de faire croire à l’adversaire que les points de la défense dans cette couleur ne sont pas en danger... pour mieux les lui prendre !

Une singlette au roi n’a que peu d’ambition : une dame ou un cavalier pris à l’adversaire. Mais ces trois ou quatre points pourront être ceux de la victoire.

Pour être efficace, la singlette ne doit pas être systématisée car les défenseurs auraient tôt fait de la déceler, de sauver de nombreux points pour ensuite faire couper le preneur pour des " clopinettes ".

Le doubleton

Après l’écart, détenir deux cartes d’une même couleur peut sembler incongru. En effet, deux tours sont amplement suffisants pour voir s’échapper les 14 points adverses dans cette couleur.

Le doubleton du mariage (roi et dame) permet de reprendre deux fois la main, d’empêcher l’évaporation des cavaliers et valets. Lorsque les défenseurs auront joué deux fois cette couleur, n’y trouvant pas d’intérêt, ils n’y reviendront que tardivement.

Le doubleton dame-cavalier peut être une excellente alternative. En effet, si cela peut paraître stupide de donner l’une de ces deux cartes sur le roi de la défense, cela permettra souvent de faire la seconde carte donc de reprendre la main une fois de plus à la défense sans avoir besoin d’un atout, donc de garder un atout de plus, donc de laisser moins de temps à la défense pour sauver ses points et finalement ce cavalier sacrifié aboutira indirectement à prendre un roi, une dame ou d’autres points.

Le tripleton

Le tripleton Dame-Cavalier-carte basse doit être regardé comme le doubleton dame-cavalier, la carte basse servant d’excuse pour le cas où le roi tomberait au premier tour et devant le preneur.

Les points à l’écart

Il peut aussi être intéressant de mettre des points à l’écart pour arriver au total de six cartes. Ces points sont ceux dont on est sûr qu’ils sont inexploitables en cours de partie : une dame ou un cavalier quatrième, un valet troisième.

Attention à ne pas se tromper : une dame sixième peut se faire en fin de partie si l’on a suffisamment d’atouts pour épuiser l’adversaire . En effet, il est peu probable que le roi soit dans une main également sixième. Donc, mettre cette dame à l’écart ne doit être envisagé qu’en dernier ressort.

Les séquences de type roi-dame-cavalier-valet ou dame-cavalier-valet sont aussi tentant : une dame au chien semble être un bon choix quand le preneur n’a que peu d’atouts, donc peu de chance de jouer sa séquence en fin de partie après avoir épuisé les atouts de la défense. Par contre avec un nombre d’atouts conséquent, une dame au chien peut être un pli supplémentaire concédé gratuitement à l’adversaire.

Cas exceptionnels

Tout écart est envisageable. Par exemple :

Un jeu avec 4 rois, 21 d’atout, excuse et pas d’autre atout nécessite de mettre 7 points à l’écart pour gagner. Aucune autre alternative n’est jouable (avec 20 atouts en défense, les dames seront au deuxième tour irrémédiablement coupées et le 21 n’amènera que le minimum de points).

Un jeu avec 15 atouts, 4 rois, une dame et 4 cartes basses nécessite de mettre à l’écart en plus des cartes basses, la dame (bien qu’elle fût gagnante à coup sûr) et... un atout (sauf 1,21 et excuse) que l’on sera obligé de montrer !

On peut également orienter son écart en fonction du chien vu par les adversaires. Ainsi un chien avec trois carreaux incitera vos adversaires à croire qu’il s’agit de votre longue. Une coupe ou une singlette pourra être très perturbateur dans la stratégie de la défense…

Conclusion

Recomptez le nombre de cartes écartées, complétez avec des cartes basses peu importantes dans votre stratégie, vérifiez qu’il n’y pas d’erreur et n’y passez pas trop de temps car trop hésiter signifie déjà " faiblesse de jeu " !